Remarques sur la souveraineté du Québec
Depuis la défaite cinglante du Bloc québécois aux élections fédérales de mai 2011, suivie de la crise qui a secoué le Parti Québécois, les bien-pensants du fédéralisme, surtout de droite, annoncent toujours plus fort la mort de la question nationale. D’autres, nationalistes déçus ou désabusés, comme Mathieu Bock-Côté, tentent de grandes théories pour expliquer la morosité ambiante. Pour plusieurs, la souveraineté serait devenue obsolète, dépassée, un projet qui n’a plus sa place. Certains faits récents tendent à leur donner raison : polarisation gauche-droite provoquée par le gouvernement Harper; avènement de la CAQ, dont le programme enterre la question nationale; incapacité prétendue de Mme Marois à incarner la cause et passer le message. On peut aussi invoquer la démographie : diminution de la proportion de pure laine ou, supposément, ouverture des jeunes sur le monde, comparativement aux baby boomers qui seraient plus portés sur la question nationale. Comme si faire le choix du Québec diminuait mon intérêt pour le monde…
Je ne suis pas d’accord, et j’affirme haut et fort que la souveraineté est toujours à l’ordre du jour. La naissance du pays demeure un outil puissant pour mettre de l’avant les valeurs propres à la pluralité d’individus et de collectivités qui peuplent le Québec.
Même après la vague NPD, même lorsque les quatre mousquetaires (Beaudoin, Lapointe, Curzi et Aussant) ont quitté le Parti Québecois, en juin 2011, j’ai toujours cru, et je crois encore, que Mme Marois a tout ce qu’il faut pour prendre le pouvoir, diriger le Québec avec talent, mener le bateau jusqu’à l’indépendance si les conditions s’y prêtent.
Une partie du problème, c’est que trop de souverainistes attendent le messie. Ils fantasment qu’un être suprême va surgir d’on ne sait où, un leader charismatique, dont la personnalité sans faille suffira à mener le troupeau vers la terre promise. À l’évidence, ce chef n’existe pas. À la moindre aspérité, donc, les alliés mutent en ennemis et la chicane pogne au sein du mouvement, ce qui fait bien sûr le bonheur des fédéralistes néo-libéraux.
Comment s’explique cette tendance maladive à l’auto-destruction ? Par l’impatience d’une génération qui voit son rêve lui échapper ? Par quelque relent judéo-chrétien d’obédience messianique ? Par la tradition péquiste de ne pas museler le débat au sein du parti, comme le font les libéraux ? Je vais laisser les politicologues réfléchir à cette question. Ce que je sais, aujourd’hui, c’est que la souveraineté demeure, encore et toujours, le meilleur remède contre les discours de la droite fédéraliste qui tapissent les médias de l’empire Power; contre Legault et sa CAQ; contre Charest et les libéraux, qui gèrent le Québec à la petite semaine au profit des lobbys du fric.
Loin de moi l’idée d’absoudre totalement le PQ. Que non ! En juin 2011, l’épisode de la loi privée sur l’amphithéâtre Labeaume-Péladeau était d’un goût douteux. Agnès Maltais en sait quelque chose, puisqu’elle recevait de ma part un courriel très critique dès le lendemain du dépôt de son projet de loi. Mais doit-on dissoudre le parti à cause de cette erreur ? Je réponds évidemment non. Et j’exhorte les chialeux à concentrer leur colère contre la bonne cible… D’accord, le Bloc a mangé une volée à Ottawa. Mais ça fait des années qu’on dit que le Bloc doit être transitoire. De la manière dont le Canada traite le Québec, le ROC est parfaitement capable de se passer de nous à la Chambre des Communes.
Si les conditions gagnantes font encore sens, nous en sommes plus proches que jamais : gouvernement Harper, pratiques de corruption au sein du gouvernement Charest, anglicisation de Montréal, privatisation par derrière du système de santé, hausse des frais de scolarité, dilapidation des ressources naturelles, etc.
Alors ?
Arrêtons de chialer à la première occasion et, surtout, de voir l’ennemi dans notre propre camp. Rassemblons nos forces pour que la mouvement souverainiste gagne la prochaine élection. Faisons ensuite la souveraineté afin de donner au Québec de meilleures chances pour les générations futures.
Julie Cossette
/ 20 mars 2012Merci Bernard, de me rassurer sur le fait que je ne suis pas seule à penser que la souveraineté n’est pas une affaire de mode.
Je pense aussi que nous aurons tout le loisir de débattre de la question de la gauche et de la droite quand nous serons souverains.
Commençons par nous donner un pays, puis, comme le disait Félix Leclerc, nous reprendrons ces chicanes en famille!
b
/ 20 mars 2012Ça me fait réfléchir.
Merci