Carré rouge contre loi spéciale

Dans le conflit qui l’oppose aux étudiants, notre bon gouvernement a décidé d’imposer sa loi. Triste jour pour la jeunesse…

Triste jour pour le savoir, pour la connaissance, pour l’évolution sociale…

Les événements récents montrent comment M. Charest, dès le début, avait probablement décidé de laisser pourrir le conflit. Misant sur une frange radicale des manifestants pour discréditer tout le mouvement, mon sentiment est qu’il espérait qu’il y ait de la casse. Misant sur la fatigue de l’opinion publique, il préparait une intervention de dernière minute, qui lui permettrait de se glorifier de faire régner la paix et l’ordre. Quitte à perdre une ministre en cours de route. En effet, qu’est-ce qu’une ministre ?

D’ailleurs, pour avoir accepté de jouer ce rôle ingrat, j’ai hâte de voir à quelle fonction Mme Beauchamp sera nommée, et dans combien de temps.

L’obsession pour une augmentation des frais de scolarité repose sur une marchandisation éhontée de l’éducation. Dans l’idéologie que défend le gouvernement actuel, étudier ne veut plus dire apprendre, mais avoir accès à des revenus supérieurs. Et il serait normal d’investir pour avoir accès à ces revenus. La prétendue ouverture du gouvernement, qui est prêt à compenser par des prêts et des bourses l’augmentation des frais, ne fait que compliquer la situation. Il sera toujours plus facile, dans X années, de réduire le régime d’aide aux étudiants, que de dégeler les frais, si le gel était maintenu.

Pour ma part, je suis non seulement pour le gel des frais, mais pour la gratuité des études universitaires. Ouvrir les universités aux jeunes, afin qu’ils étudient dans les meilleures conditions possibles, me semble la seule approche qui soit garante d’une évolution sociale. Les résultats obtenus depuis la révolution tranquille, dont un des faits d’armes demeure l’accès pour tous à l’éducation, le prouve hors de tout doute raisonnable.

Plus machiavélique, le gouvernement a peut-être pensé que plus les jeunes seront éduqués, plus ils seront outillés pour contester le modèle économique dominant, le développement énergétique, le système de lobby et de corruption qui finance les partis politiques, la saccage des ressources naturelles au profit du grand capital, etc. Déjà, avec les altermondialistes, le mouvement Occupons, la poussée du NPD au fédéral, le pouvoir traditionnel voit son univers se fissurer. La petite clique économique qui dirige le Québec a assez de difficulté à mousser ses ambitions et ses projets. Ils préféreraient probablement retourner au temps de Duplessis, quand le bon peuple suivait docilement. Limiter l’accès à l’éducation supérieure doit leur sembler un pas dans cette direction.

Je ne peux m’empêcher de voir, dans le comportement de M. Charest vis-à-vis les étudiants, un emprunt aux stratégies de la loi et de l’ordre de M. Harper à Ottawa. Ce qui prouve, encore une fois, comment notre cher PM est conservateur dans l’âme. Et comment ses beaux discours sur le développement durable vise en fait à assurer la mainmise durable de sa version du capitalisme sur notre société.

Ces temps-ci, M. Charest, chauffeur autoproclamé du Québec, conduit une main sur le volant d’un fourgon de police, l’autre sur celui d’un camion de la Brinks… D’un côté, il dirige les jeunes vers la prison. De l’autre, avec le plan nord, il livre le cash promis à ses amis. Mais ça, c’est une autre histoire…

Mme Marois, de grâce, apprenez à conduire plutôt des voitures électriques et des autobus scolaires.

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Triste anniversaire…

Il y a un an déjà, M. Harper et ses sbires obtenaient leur majorité.

Cela ne veut certes pas dire qu’ils sont devenus adultes, bien au contraire. J’ai le sentiment que le Canada est géré par une bande d’ados boutonneux qui prennent le Parlement pour une ruelle propice à la bagarre.

Le seul élément positif : il reste une année de moins avant la prochaine élection…