Écriture et liberté d’expression

Au début septembre, j’ai voyagé à Gyeongju, en république de Corée, où se tenait le 78e congrès annuel de PEN International. Il ne sera pas ici question de pourquoi j’y suis allé, mais bien de ce que j’ai découvert à ce congrès, auquel j’assistais pour la première fois.

À titre d’auteur, je connais l’existence du PEN, plus importante association internationale d’écrivains, fondée en 1921 à Londres. Je sais depuis longtemps que cette association fait la promotion de la littérature et qu’elle milite pour la liberté d’expression dans le monde. Honnêtement, jusqu’à ce congrès, je n’avais aucune espèce d’idée de l’envergure de la tâche accomplie par ce réseau et ses milliers de membres.

D’abord, quelques chiffres. PEN International rassemble les représentants de 146 centres répartis dans près de cent pays. Pourquoi y a-t-il plus de centres qu’il n’y a de pays ? Certains, comme le Canada, comptent deux centres (québécois et canadien). Quelques centres sont reliés à la Chine : Hong Kong, écrivains en exil, ouighour, sans oublier le centre officiel de la république populaire de Chine (champion du mensonge et de la langue de bois, dont je n’ai pas compris pourquoi on tolère la présence). Des villes ont leur centre. En fait, les centres ne sont pas nécessairement nationaux. Ils peuvent aussi être linguistiques (par exemple catalan) ou ethniques (il y a un centre kurde).

Et voici maintenant des faits. En 2012, plusieurs centaines d’écrivains, de journalistes et de blogueurs – derniers nés de cette liste – sont persécutés, sinon en prison, pire encore assassinés, ce dans nombre de pays. Au ban des accusés, surtout : Barhein, Chine, Iran, Irak, Mexique, Russie, Syrie, Turquie, etc… La liste des pays où les écrivains sont opprimés est longue, définitivement trop longue. Nous pouvons lire à ce propos à peu près tous les jours dans nos médias ou en surfant sur le web. Mais là-bas, je vous jure, j’avais le sentiment d’être beaucoup plus près de cette réalité. Le Comité des écrivains en prison (un des quatre comités statutaires du PEN), par exemple, suit en moyenne de 700 à 900 cas par année…

Vous vous rendez compte ?

De nos jours, des milliers de personnes paient donc de leur liberté, sinon de leur vie, leur engagement vis-à-vis la liberté d’expression, la libre circulation des idées ou la diversité linguistique.

Ou encore, simplement, parce qu’ils écrivent ce que quelqu’un ne veut ni lire ni entendre…

Pensez-y !

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Pour en savoir plus, visitez les sites suivants : pen-international.org/ ou http://www.penquebec.org/

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Carnet de campagne (fin)

Haïku électoral

Campagne terminée

Climax dramatique

Poussière et frayeur retombent

 

Apologie

Un gros merde à Mme Marois, que j’admire, et qui va gouverner le Québec avec passion, de manière responsable, comme elle dit. J’ai toute confiance. Elle n’a peut-être pas le charisme rêvé, mais j’aime mieux une bonne tête sur les épaules, et elle sait être sensible.

Évidemment, je préfère un gouvernement péquiste minoritaire à n’importe quel gouvernement CAQ ou Libéral.

Mais bon, qu’est-ce que j’aurais à dire de plus sur le résultat du vote ? Attendons de voir comment Pauline va mener sa barque.

Pourquoi je ne milite pas ?

À la fin de chaque campagne, depuis le référendum de 1995, la même question revient. Elle ne me hante pas, mais, disons, me turlupine : pourquoi, encore une fois, je ne me suis pas engagé ?

Une part de moi aimerait faire de la politique. Mais l’autre ne veut pas. Curieux… J’aime l’engagement, me prononcer, avoir une opinion, mais je ne me convainc pas de le faire au sein d’un groupe, qui plus est dans un parti. Cette contradiction est en moi depuis des années.

J’y pense souvent, mais ne passe pas à l’acte. Je demeure incapable de devenir militant. M’engager pour une cause. Appuyer ouvertement une ONG, un parti politique… Je l’ai fait déjà pour le milieu culturel, théâtral, quand je dirigeais le Périscope ou le Carrefour. Je suis membre d’Amnistie, de Greenpeace, du PEN, etc. Je donne aux ONG de gauche et humanitaires. Depuis vingt ans, j’ai publié probablement une vingtaine de lettres d’opinion, surtout politiques, dans les journaux. Puis il y a ce blogue, ou je papote depuis janvier.

Mais faire le pas pour militer; il y a un blocage…

Ces dernières années, et encore plus quand le déclenchement de l’élection était dans l’air, en juin et juillet, j’ai jonglé avec l’idée d’appeler au bureau de comté, pour offrir mes services. Surtout qu’avec le découpage l’île d’Orléans est maintenant dans Charlevoix, le comté de Mme Marois. Ou d’appeler mon ami Guy, très impliqué au PQ depuis des lustres. Je me suis dis que je devrais appeler Agnès. La rencontrer, placoter. Mais je ne le fais pas.

Pourquoi ?

Par paresse ? Je ne crois pas.

Pour conserver mon indépendance ? C’est plus plausible.

Par manque de temps (faut ben que je gagne ma vie) ? Un peu, c’est sûr…

Par manque de conviction dans le débat public tel qu’il est ?

On s’approche du but. Car je ne peux m’empêcher de penser, souvent, comme bon nombre de mes concitoyens, que de mettre le pied dans une telle arène n’est peut-être pas possible sans mensonge, sans compromission, sans petite politique, en somme, qui vient nécessairement avec la grande. Il faut se prêter au jeu car, à l’occasion, il faudra invariablement jouer dans cette boue. Se faire traîner dans la boue, même, que ce soit par une radio poubelle ou un économiste de droite. Accuser à son tour quelqu’un de tous les forfaits…

Je m’impliquerais au PQ, c’est sûr. Et si je ne le fais pas ce n’est pas à cause du PQ, de sa culture, de son histoire.

Pourquoi, alors ?

Je saurai un jour. Soit je m’impliquerai de mon propre chef, soit je me ferai convaincre, soit je tournerai le dos à cette patente pour de bon.

On gage ?

Les paris sont ouverts à savoir quand aura lieu la prochaine élection générale…