Méditant sur la vie et sur l’humanité, observant l’agitation extérieure, qu’elle soit politique, économique, sociale, virtuelle, je ne peux faire autrement que constater la vitesse à laquelle la civilisation humaine court vers sa perte. Quand je réfléchis sur l’humanité, peu importe le point de vue que j’adopte, cette même conclusion me saute généralement au visage. Bien sûr, il y a quelques sursauts d’optimismes. Le bonheur que j’éprouve dans ma vie familiale, avec mes proches, dans mon travail, garantit probablement ma santé mentale. Certaines actions collectives sont plus réussies que d’autres. Disons que les beaux côtés de la vie constituent autant de lueurs d’espoir. Mais que sont des lueurs face à l’incendie qui ravage l’humanité ? Comment ces faibles lumières peuvent-elles faire face à l’obscurantisme et la propagande, souvent religieux, qui orientent tant de gens, de nations, de pays, vers la violence et l’exploitation de l’autre ? Comment faire quand notre propre premier ministre – celui du Canada – pense de manière si diamétralement opposée que moi au bien commun et au futur de la planète ?
La raison principale pourquoi je n’ai pas écrit sur ce blogue, ces dernières semaines, est la réflexion que je mène non pas sur l’écriture, mais sur le sujet et l’objet de cette écriture. Écrire quoi ? Sur quoi ? Si mon projet est d’écrire sur l’actualité, de dénoncer les actions, gestes, comportements, décisions qui m’indignent, la source de ma vindicte et de mon indignation est pour ainsi dire infinie. Je pourrais, coup de gueule après coup de gueule, me vider le cœur des horreurs de la vie quotidienne. Pour aller où ? Surtout que je découvre tant d’autres blogueurs, journalistes, penseurs, écrivains qui dénoncent avec virulence sur la place publique.
Si vous me lisez régulièrement, depuis une année, vous avez une bonne idée de mes sujets de prédilection :
- Désastre de l’économie capitaliste.
- Dénonciation de l’obsession maladive envers les hydrocarbures et les technologies sales.
- Blessures infligées à la planète par des possédants qu’aveuglent la recherche du profit.
- Danger représenté par M. Harper et son gouvernement.
- Propositions pour une meilleure justice sociale et une plus équitable distribution de la richesse.
- Réflexion sur l’engagement citoyen et politique.
Mais que faire d’autre ? Comment le blogue peut-il amener mon écriture et ma pensée ailleurs, sur de nouvelles voies ? À quelque part, il est facile de dénoncer, de s’indigner. Cette arme est à portée de main; je l’utilise. Serait-il plus utile de mettre de l’avant les initiatives positives que je vois, que je découvre, que je pressens ?
L’idée que je cuisine, depuis quelques jours, est la rédaction d’une sorte d’autofiction, conte philosophique dans lequel je mettrais en scène un personnage me ressemblant (j’imagine), sorte d’observateur critique de l’humanité actuelle, qui j’espère, par le biais de la fiction, ouvrirait peut-être, justement, de nouvelles voies. Chaque texte publié sur le blogue constituerait un chapitre de ce conte. Cela rejoindrait une idée que j’avais à l’origine de ce blogue, il y a un an, et que je n’ai pas encore exploitée : utiliser ce médium pour écrire de la fiction.
Comme référence et source d’inspiration, je pense à la pièce Le Songe, du suédois August Strindberg écrite en 1901. Dans ce drame symbolique, la déesse Indra descend sur terre pour observer la condition humaine. Quelle phrase répète-t-elle, comme une sorte de mantra : « Ah ! Que les hommes sont à plaindre… »
Un siècle plus tard, que découvrirait un tel visiteur ?
Je me donne quelques jours pour réfléchir à ce projet, pour évaluer s’il tient la route, et je vous reviens. On verra avec quoi…