« Je n’en peux plus d’attendre… »

Theresa Spence, chef de la réserve d’Attawapiskat, située dans le nord de l’Ontario, a entrepris une grève de la faim. Elle veut rencontrer le premier ministre Harper pour discuter des effets négatifs de la plus récente loi mammouth du gouvernement conservateur sur les droits des nations autochtones. L’action de Mme Spence a déclenché le mouvement Idle no more, que je pourrais traduire par « Fini l’attente… » ou « Ça suffit ! ».

Une traduction plus juste de ce slogan pourrait ressembler à : « Nous en avons plein not’ cas’ d’attendre les bras croisés que le gouvernement du Canada respecte les traités que nous avons signés, en toute bonne foi, depuis que les Européens ont envahi le continent ».

Ou encore : « Comment se peut-il que nous attendions encore que le gouvernement canadien, que la population canadienne, fasse un geste significatif, convaincu, engageant, pour aider nos peuples à sortir de la misère chronique dans laquelle nous pataugeons, résultat de la colonisation, qui s’est traduite, ni plus ni moins, par leur domination sauvage… »

Sur le site de Radio-Canada, où j’aime bien lire les commentaires qui suivent les nouvelles, quelques concitoyens blancs ne trouvent rien de mieux à dire qu’à peu près ceci : « les Premières Nations reçoivent des millions du gouvernement, qu’ils fassent un effort », ou encore : « Les chefs se paient des salaires faramineux, ce qui est un scandale. » Rien sur les motifs de Mme Spence ou sur le mouvement que sa grève de la faim alimente. Ça me dépasse… Comme si les problèmes qui plombent les réserves et les autochtones du Canada se limitaient à cela. L’aveuglement volontaire comme voie d’évitement…

La question qu’aucun gouvernement, fédéral ou provincial, ne veut vraiment se poser est pourtant simple : comment pourrions-nous partager de manière effective, entre autochtones et blancs, l’usage du territoire que nous occupons en commun ? Comment partager son usufruit, ses ressources, le profit qu’elles génèrent ? Et pourquoi, selon vous, la question n’est pas posée ouvertement ? La réponse est simple : les blancs radins que nous sommes ne veulent surtout pas partager le gâteau. Peu importe que nous les ayons dépossédés du territoire, à coup de mensonges, de traités non respectés et de nettoyage ethnique; peu importe que nous ayons tout fait pour les assimiler, pour annihiler leur langue, leur culture; peu importe que nous ayons détruit leur mode de vie…

Entre vous et moi, qui ont été les sauvages, dans cette histoire ?

Pendant ce temps, notre bon sauvage en chef, Stephen Harper, ne trouve rien de mieux à faire que de laisser pourrir la situation. Ou peut-être qu’il attend de revenir de vacances pour daigner s’intéresser au dossier. Pourquoi se magnerait-il le cul pour une pauvre bonne femme, autochtone de surcroît, alors qu’il peut bouffer son pétrole en paix entre deux prières hypocrites ?