Amiante et opportunisme
Le gouvernement libéral adopte en douce, alors que débutent les vacances, un prêt de 58 millions $ pour relancer la mine Jeffrey à Thetford. En moins de 24 heures, la médecine et les groupes civils s’opposent, affirmant le caractère cancérigène avéré de l’amiante. 100 000 morts par année dans le monde; cent fois la population de mon village… Des poursuites gagnées dans plein de pays contre les exploitant d’amiante. Un produit qu’il faut banir au plus vite. Et qu’il repose en paix dans le sol qui l’a vu naître…
Ce prêt est une immondice au visage de la conscience éthique.
Québec agit ici en totale symbiose avec Ottawa, qui refuse de signer une convention internationale pour restreindre l’utilisation de l’amiante. À des fins économiques et électorale, nonobstant la santé publique, le gouvernement libéral persiste et signe. Il prend la voie facile pour gagner des votes, alors que le devoir d’État et un minimum de conscience social devrait l’obliger plutôt à prendre cet argent pour fermer à jamais les mines d’amiante et travailler fort pour ouvrir de nouvelles voies de développement pour Thetford et sa région. Là réside le développement durable.
Ma vision ne relève pas du rêve. Ce devrait être une obligation morale de tout gouvernant qui se respecte. Mais il faut bien se faire réélire… Le PQ, qui patine autour de l’énormité de la nouvelle, la joue aussi électoraliste. Très décevant… Seul Amir Khadir, comme d’habitude, a la réaction appropriée. La CAQ, n’en parlons pas. Le vide… Le gault vide…
Je vais voter PQ parce qu’il faut chasser Charest et cie. Mais j’admire Amir.
Harperisme estival
Le très honorable politicien en chef, j’ai nommé Stephen Harper, daigne se pointer à Québec pour prononcer une des allocutions inaugurales au Forum mondial de la langue française. Lui qui, par ses nominations unilingues anglophones, bafoue ouvertement le caractère bilingue du pays qu’il dirige. Et en plus, dans son allocation, il prononce quelques phrases en anglais. Grosse nouille…
Considérant le danger que cet homme et sa bande représentent pour la démocratie, pour la culture, pour la science, pour l’environnement. Les participants du Forum auraient carrément dûs l’empêcher de prendre la parole. Malheureusement, un seul a osé s’élever ouvertement…
La langue française vaut mieux que les faces d’enterrement de Harper et de Charest
Cette semaine, Québec a grouillé de francophiles. Ils ont parlé de la langue, l’ont louangée, bercée, promue. Ils lui ont fait des câlins. Puis ils l’ont tourmentée, touillée, critiquée, questionnée. Ils sont venus de partout pour ça. Pour faire avancer le fait français sur la planète. Belle idée ! Même le Festival d’été a mis de côté son obsession anglophile pour consacrer sa soirée d’ouverture à la musique francophone. Le Forum a probablement payé pour, mais enfin…
Pendant ce temps, au sud, le français perd du terrain. C’est une évidence : au rythme où vont les choses, le Québec pourrait perdre la bataille du français. À cause du sud, dixit Montréal, où notre très honorable plusse meilleur gouvernement au monde, dirigé par son honorable Charest, laisse dépérir la situation depuis qu’il a pris le pouvoir. Pour satisfaire les amis électeurs anglophones. Tout le monde le sait, mais on ne peut pas y faire grand chose avant les élections. Charest et compagnie ne sont pas intéressés par le français, mais par leur réélection…
Et tant qu’à parler sud, parlons nord, Plan nord, où la négo avec les Stornaway de ce monde plie à l’avantage de la multinationale (qui ne veut pas payer la ligne d’Hydro). Je gage un vingt qu’ils discutent pas souvent en français, les patrons miniers. Même avec le gouvernement du Québec.
Au sud : anglicisation. Au nord : itou… Il reste le centre, où avait lieu cette semaine le Forum.
À Québec, des centaines de personnes s’engagent donc pour promouvoir le statut de la langue dans la coopération, les universités, la science, la culture, sur le web, etc. Il y a des spectacles. L’air est bon. Le Maire de Paris rencontre les étudiants en grève. Les gens d’affaires cherchent des façons de promouvoir les relations entre tous, d’aider l’Afrique, de promouvoir efficacement la diversité des langues contre le rouleau compresseur anglo.
On dira ce qu’on voudra mais, linguistiquement, nous sommes un peu à l’étroit entre le Plan nord et le laisser aller généralisé qu’est malheureusement devenu Montréal.
Comme le dit une étude de l’Office québécois de la langue française : « En 2012, l’accueil se fait en français seulement dans 74 % des commerces du centre-ville de Montréal, comparativement à 89 % en 2010 ». La situation bascule tranquillement.
Vivement une loi 101 renforcée, avec Cégep obligatoire en français et mesures pour imposer davantage de français dans les commerces et entreprises de Montréal. Et je ne suis pas un francophile chauvin ou fermé. À preuve : dans les dernières sept années, j’ai travaillé plus souvent qu’autrement en anglais. Mais ici, au Québec, c’est le français avant tout…
Plan de retraite
Comme son ami Harper, notre très cher honorable PM est passé en coup de vent au Forum mondial de la langue française, pour une allocution inaugurale, juste avant de partir en vacances.
Gageons qu’il allait saluer Sarko, le consoler un peu, dans les Laurentides, où l’ex-président hexagonal prend ses vacances. Ils doivent deviser ensemble sur l’endroit où ils vont pouvoir vivre une retraite tranquille. En anglais… Parce que reconnaissons-le pour eux, le français ne leur a pas très bien réussi. Stephen ira les y rejoindre après les prochaines élections fédérales.
La langue et la culture française vont survivre à Jean Charest, Stephen Harper, Nicolas Sarkozy et à la clique qui les finance et les maintient au pouvoir. Mais ce ne sera surtout pas de leur faute à eux.
La planète va survivre aux entrepreneurs qui rêvent de millions de profit en exploitant l’amiante à coup de prêts publics. Une autre belle illustration du dicton Les profits dans le privé; les dettes dans le public, avec des milliers de morts en prime.
Le vent de leur cupidité les emportera tous.