Vladimir et Pierre, même Poutine !

3e volet des harperismes

Oyez ! Oyez, braves électeurs : Vladimir n’est plus seul !!! Après quelques années à réchauffer le banc en attendant que Medvedev descende du trône; après une brillante victoire, dès le premier tour, réussie à la barbe des principes élémentaires de la démocratie et du mode électoral; après un flirte avec le surnaturel, si l’on considère le % de participation et de vote favorable en Tchétchénie; après l’emprisonnement des leaders de l’opposition dès le lendemain du vote; il semble bien que le premier ministre président Vladimir Poutine fait des petits. Et pas n’importe où : dans le plusse beau pays de Jean Chrétien, le Canada !!!

Pierre Poutine, fier résident de la rue Séparatiste, vient en effet d’être révélé à notre existence, lui aussi pour ses prouesses électorales. Prête-nom des appels qu’auraient fait le parti Conservateur en campagne en 2011, Pierre Poutine montre à la face de tous la supériorité stratégique du premier ministre des Canadiens de tout poil, le très honorable Stephen Harper.

Sollicitation abusive auprès, notamment, de personnes âgées; magouille téléphonique à grande échelle; transfert imaginaires de bureaux de scrutin; faux appels partisans; système publicitaire in and out (vraisemblablement toujours en vigueur dans certains comtés); fausse rumeur sur un député libéral; la liste n’en finit plus… À chaque jour sa révélation.

Bien qu’il soit encore un débutant, comparé à Vladimir, Stephen semble bien déterminé à suivre la voie tracée en Russie éternelle…

Consternant…

Droits d’auteur : appuyez les créateurs contre le gouvernement.

Je fais le paresseux, aujourd’hui. Et je vous réfère sans écrire plus à ce qui suit.

Tiré de http://www.cultureequitable.org

Écrivez une lettre aux membres du comité législatif pour les informer de votre position face au projet de loi C-11

Le projet de loi C-11 a passé l’étape de la deuxième lecture.  Il est maintenant entre les mains du comité législatif qui a jusqu’au 29 mars 2012 pour entendre des témoins et examiner le projet article par article.

C’est la dernière chance de rappeler aux élus que les droits des créateurs doivent être protégés.  Culture équitable invite tous les créateurs et acteurs de la chaîne culturelle ainsi que tous ceux qui ont à cœur l’avenir de la culture à faire parvenir un message aux membres du comité législatif. En indiquant votre code postal, le message parviendra aussi au député fédéral de votre circonscription. Une copie sera également transmise aux ministres James Moore de Patrimoine Canada, Christian Paradis d’Industrie Canada et au premier ministre Stephen Harper.

Il est important de rappeler au gouvernement que la culture fait partie de l’économie canadienne et que ses travailleurs ne doivent pas être exclus de la Loi sur le droit d’auteur. Il faut bien sûr permettre l’accès aux œuvres mais également la juste rémunération des créateurs qui en sont la source.

http://www.cultureequitable.org/envoyer-une-lettre-au-comite

Puissance spirituelle de l’art et du théâtre

Nous avons assisté mardi soir, 21 février, au Théâtre Périscope, à une représentation de La Liste, pièce de Jennifer Tremblay, prix du gouverneur général 2008. Ce monologue déchirant est joué par Sylvie Drapeau, dans une mise en scène de Marie-Thérèse Fortin, production du Théâtre d’aujourd’hui.

De tels spectacles constituent des moments forts, privilégiés. Pour moi, par certaines de leurs qualités, ils confirment comment, à notre époque, l’art joue un rôle tellement plus important que la religion. En fait, entre les années 60 et les années 80, au Québec, et cela dure toujours, l’art – avec des œuvres de toutes les disciplines – s’est substitué à la religion.

Au théâtre, des gens se rassemblent autour d’une parole. Contrairement à l’église, il ne s’agit pas de la parole de dieu (quelle fiction…) qui rassemble autour de croyances, d’une foi unique, mais des mots d’un humain, le dramaturge, ou ceux d’un groupe (pour les œuvres collectives), qui s’adresse au spectateur – le fidèle – avec un discours ouvert. Le théâtre est le lieu de la parole collective. Il aménage les conditions d’une rencontre sociale, qui interpelle, lance de grandes idées, émeut, propose un miroir de notre monde, renvoie une image déformante ou réaliste, critique, amuse à la façon cynique du fou du roi. Le théâtre ne force pas l’adhésion à un message, émis à sens unique, comme à l’église, où il va du pasteur vers ses brebis. Cette métaphore est d’ailleurs gênante pour l’église, quand l’on croise un troupeau mené à coup de trique et de morsures de chien bergers dans le jarret. Mais le théâtre n’est pas cela. Le message d’un spectacle de théâtre est équivoque, rayonne dans plusieurs directions, dépendamment de l’écoute et de la disposition des spectateurs. S’il veut convaincre, il ne veut pas embrigader. Il touche; il écorche; il provoque; il montre. C’est là toute la différence entre la messe et le spectacle. Tous deux sont spirituels, tous deux parlent à l’âme, à l’émotion, à l’intelligence. Le théâtre n’exprime toutefois pas un message tout fait, dans le style crois-ou-brûles-en-enfer. Un bon roman, un spectacle lyrique, une chorégraphie, une installation, un film font la même chose.

Depuis l’aube de la civilisation, les communautés sentent le besoin de se rassembler, en groupe de dimensions diverses, pour célébrer, vivre des rituels. Elles le font pour organiser la tribu, se divertir, fraterniser, souligner des événements clés de la vie, atteindre un certain niveau spirituel. Car la spiritualité est souvent mêlée à cette volonté de réunion, de communion. Pendant des millénaires, l’humanité s’est rassemblé autour de fêtes ou d’événements de l’ordre du païen. Chasse, récoltes, saisons, événements au village : naissance, puberté, initiations, mort, etc.  Depuis l’avènement de l’ère chrétienne, en Occident, l’église a phagocyté le monde païen. Le calendrier grégorien en est l’apothéose : fêtes religieuses superposées sur les païennes, fêtes de centaines de saints, événements bibliques, promotion de la foi. Au Québec, avec la révolution tranquille, ce système s’est effondré. Il est remplacé maintenant, dans une partie toujours grandissante du monde, par la rencontre dans les salles de spectacles, les bibliothèques, les musées, les cinémas, les galeries.

Une partie de la population préfère les centres commerciaux au lieux de l’art. Ce phénomène s’explique par des raisons pratiques, mais aussi, malheureusement, parce que l’ordre du commerce, par la consommation, a réussi comme la chrétienté à phagocyter l’élan spirituel. Nous reviendrons un jour sur ce sujet.

Cette pièce, La Liste, parle de la souffrance d’une femme, souffrance faite de petits riens qui deviennent incapacité d’aider, de compatir. Peut-être parce que cette femme a peur de sortir de son monde ou de son confort, même si dans le fond sa vie n’est pas très confortable. Elle habite la campagne après avoir imposé à son mari de quitter la ville. Son mari travaille; il s’absente à longueur de journée. Elle est seule avec ses trois enfants dans la maison sur le rang. Sauf une journée par semaine, le mercredi, quand les mômes vont à la garderie. Alors la femme est seule, profite de sa solitude. On comprend qu’elle ne se sent bien, tout compte fait, que dans sa bulle de solitude. Caroline, une voisine, apparaît. Elle a quatre enfants, « la pauvre… » Sa maison est un bordel. Toutes deux font connaissance lors d’un picnic, se visitent, finissent par aller au cinéma, se rendent quelques services. À son corps défendant, la femme devient presque l’amie de Caroline. Car cette femme ne veut pas vraiment d’amie. Puis Caroline, qui veut un cinquième enfant, tombe enceinte. Le grain de sable tombe dans l’engrenage quand Caroline dit vouloir changer de gynécologue. Elle déteste celui qui a mis au monde ses quatres premiers. Elle veut un autre médecin. C’est là que l’engrenage casse… Par manque d’ouverture face à cette voisine, parce qu’elle oublie un petit service, tout simple : fournir le numéro de téléphone de son médecin en ville, la femme provoquera – indirectement – la mort de Caroline. Cet oubli, ce petit rien, fera chavirer sa vie.

À peine plus d’une heure dans la psyché de cette femme qui ressasse, qui essaie d’oublier en ruminant des listes, des listes urgentes, flottantes, quotidiennes… Comment assumer que la mort soit venue ? Faut-il basculer dans la folie ? Est-il possible que renaisse Caroline ?

Sylvie Drapeau incarne ce personnage avec une énergie bouleversante. Quelle grande comédienne ! Elle raconte, pense, souffre, crie à deux ou trois reprises, rit peu… Chaque souffle, mot, voyelle, geste, déplacement sont exactement dosés, à leur place. La comédienne est extraordinaire de finesse, de nuances, de vérité.

Le texte s’est mérité plusieurs prix. La mise en scène est juste; le décor sobre mais signifiant. Une production, une œuvre qui signifient. Quoi, précisément ? J’ai mon opinion, vous aurez la vôtre. Ce n’est pas cela qui importe. Ce qui compte, c’est que la rencontre se soit produite. Émotive, intelligente, spirituelle… De telles rencontres me parlent, me provoquent, me montrent le miroir de ma race, de mon espèce, dans sa beauté et sa douleur.

Dieu peut aller se rhabiller.

PS : Samedi dernier, nous écoutons le film Des dieux et des hommes, de Xavier Beauvois, sur l’assassinat de moines habitant un monastère en Algérie. J’ai la conviction que mon commentaire sur la puissance du théâtre, de l’art, acquiert plus de force.

Harperisme 2

Un chapelet sans fin d’exemples montre les travers dangereux de la dérive idéologique du gouvernement Harper. Voici un medley de la dernière semaine.

Médailles du jubilé

En voulez-vous, des médailles ? En v’là !!! Avec un drapeau un prime… C’est à coup de patriotisme militaire et de dévotion à la reine que nous allons faire progresser le Canada. Le PM doit sincèrement croire qu’après quelques années de ce régime, le service militaire sera institué à la demande générale. Ou que le Québec exigera une dose de révisionnisme pour rayer les crises de la conscription (1917-18 et 1942) de l’histoire…

Groupes environnementaux = terrorisme

Le gouvernement fédéral veut serrer la vis aux groupes environnementaux. En effet, d’après le ministre responsable, ils représentent une menace pour la sécurité du Canada. Quelques écolos à barbe et moustache pourraient poser des actes terroristes, et nuire à la sacro sainte croissance !!! Imaginez qu’ils empêchent la construction d’oléoducs, comme ils ont presque réussi avec Keystone XL ? Ça, c’est du terrorisme… Prouvons que les méchants environnementalistes couchent avec Al Qaïda, ce qui permettra de faire taire les groupes d’opinion susceptibles de nuire à la gloutonnerie des multinationales et autres cartels des hydrocarbures.

Tous les opposants sont-ils des pédophiles ?

Le ministre de la Justice, Vic Toews, dit de ceux qui s’opposent d’une législation à l’étude sur le registre des pédophiles qu’ils sont « du côté des pédophiles et des criminels ». Si nous n’êtes pas pour nous, vous êtes contre nous…

OUI, JE SUIS CONTRE VOUS ! MAIS JE NE SUIS PAS POUR AUTANT POUR LES PÉDOPHILES…

Vive les données subjectives !

Depuis qu’ils sont au pouvoir, les Conservateurs n’ont de cesse de réduire les engagements publics consacrés à la recherche scientifique, notamment en coupant des postes de chercheurs ou les crédits disponibles pour la recherche chez Statistiques Canada. Ce faisant, le portrait que détient l’administration fédérale de notre société est de plus en plus flou, portrait qui permet depuis des décennies d’ajuster les politiques sociales. Avec une telle attaque en règle contre la science objective, le gouvernement s’assure de réduire la portée des données et arguments contre son idéologie, fondée sur l’opinion du conseil des ministres et de ses courtisans. D’ici peu, la voie sera libre pour sabrer dans ce grand cancer qu’est l’État !!! Avez-vous peur de ce mot ? L‘État

Harper et ses sbires se lèvent probablement la nuit pour célébrer des messes noires contre ce fléau des temps modernes. Vivement le retour des temps ANCIENS !!!

Voyage du premier ministre en Chine

Notre peddler en chef s’est déplacé en personne pour vendre le pétrole bitumineux de son fief albertain au régime dictatorial de Beijing. « Le Canada est prêt à faire du commerce avec la Chine, mais il ne vendra pas son âme », a-t-il déclaré. De quelle âme parle-t-on, ici ? La seule qui compte : celle des vertus de l’économie et de la spoliation des ressources, celle du contrôle de l’information, celle du cash…

Et l’environnement ? Et l’emprisonnement du prix Nobel ? Et la torture ? Et les exécutions sommaires ? ON S’EN FOUT… Cette approche tout à l’économie est d’ailleurs confirmée sans ambiguité par la suite, car il semble bien que notre bon gouvernement souhaite signer bientôt un traité de libre échange avec l’Empire du Milieu. D’après mes informateurs, le chapitre sur les questions sociales sensibles sera caché dans la reliure.

•••

Depuis qu’il a obtenu sa majorité au Parlement, le style de pouvoir que pratique le gouvernement Harper se révèle de la même famille que celui de pays comme la Chine. Alors que le discours défend bec et ongles la liberté individuelle, l’initiative personnelle ou la primauté de la vie privée sur les tentacules obsessionnelles de l’État, par derrière, les mesures, lois et politiques adoptées vont exactement dans le sens contraire. Contrôlons et manipulons l’information; muselons la science; ostracisons les groupes de pression; dénonçons les organisations démocratiques ou progressistes qui s’opposent à l’idéologie conservatrice; etc…

Honnêtement, je me demande comment il se fait que la souveraineté du Québec n’est pas à 80% dans les sondages.

Pour ce qui est des deux pandas géants que la Chine entend prêter aux zoos de Toronto et Calgary, M. Harper devrait faire attention. Je soupçonne que ce seront des espions à la solde de Beijing. Pire, leur présence au Canada pourrait donner des idées aux écologistes… Des idées terroristes, il va de soi.

De quoi le monde sera-t-il fait en 2112 ?

Dans Le Devoir, le chroniqueur Fabien Deglise convie les lecteurs à un exercice de futurologie. Il sollicite opinions, commentaires, souhaits sur le thème : « En 2112, à quoi le monde va-t-il finalement ressembler ? »

Je plonge. D’abord pour le meilleur, ensuite pour le pire…

Le prochain siècle verra son lot de découvertes fascinantes, qui permettront une évolution positive de l’humanité. Mais, comme depuis toujours, l’espèce sera incapable de canaliser son énergie, ses efforts, pour assurer une amélioration générale des conditions de vie. Dans un siècle, comme depuis toujours, une minorité gardera la mainmise sur le pouvoir, sur les biens, sur les richesses. La cupidité avide de cette minorité, qui dicte les règles du jeu puisqu’elle contrôle le système économique, ne cèdera pas devant les conditions de la majorité. Le capitalisme n’engendrera ni solidarité, ni redistribution équitable. Et le système économique continuera de régner, à défaut d’un système social ou collectif assez convaincant pour renverser le règne de l’argent.

À moins que…

À moins que l’ONU devienne un réel gouvernement mondial, auquel toutes les nations, toutes les multinationales, toutes les mafias, toutes les religions adhèrent… Ce gouvernement devrait être socialiste, comme le définit Le Robert :

Doctrine d’organisation sociale qui entend faire prévaloir l’intérêt, le bien général, sur les intérêts particuliers, au moyen d’une organisation concertée (opposé à libéralisme); organisation sociale qui tend aux mêmes buts, dans un souci de progrès social.

Entre autres rêves, ce gouvernement mondial devrait :

  • Obtenir la paix dans toutes les régions du monde, ainsi que la disparition de toutes les armes dévolues au combat contre d’autres humains.
  • Imposer une définition claire du concept de « liberté », juste équilibre entre les droits de la personne et les obligations de la vie en société.
  • Contrôler la démographie, puisque nous approchons – si nous ne l’avons déjà dépassé – le seuil de surpopulation.
  • Agir pour réduire – il est trop tard pour renverser la situation – les impacts de la pollution et des changements climatiques.
  • Adopter, au niveau mondial, des politiques égalitaires en matière de redistribution, pour que toutes et tous aient accès à l’eau potable, à des sources d’énergies renouvelables (non fossiles) et aux matières premières nécessaires pour construire les infrastructures essentielles.
  • Réformer le système alimentaire de l’humanité, pour assurer que tous mangent à leur faim en consommant un minimum d’eau et d’énergie.
  • Donner à chacun l’accès à un système de santé gratuit (financé par l’état et les contribuables).

Pour réussir une telle révolution, le premier pas consiste probablement à implanter une révolution dans le système d’éducation, pour donner à chacun la formation minimale pour échapper à l’exploitation et être en mesure d’agir pour son bien et celui de ses proches. Comme point de départ, les propositions de Stéphane Hessel et Edgar Morin, dans Le Chemin de l’espérance (Fayard, 2011), valent sûrement le coup. Cet opuscule, sorte de manifeste pour refonder le cadre de la vie en société, est une réponse au pamphlet Indignez-vous, du même Hessel (Indigène Éditions, 2010), dont plusieurs Indignés se réclament.

Croyez-vous l’humanité capable de ce grand geste ? Malheureusement, je crois que non.

Ainsi donc, voici ma vision – cauchemardesque – de ce à quoi notre monde devrait ressembler en 2112 :

  • La planète sera victime d’une surpopulation qu’aucune mesure n’aura réussi à contrôler.
  • Sous la forme d’un capitalisme décadent, le régime économique mènera encore le fonctionnement en société, avec l’argent comme principal moteur d’échange.
  • La plupart des gouvernements, dont les dirigeants seront corrompus par les multinationales, auront poursuivi jusqu’à la fin l’exploitation des carburants fossiles (pétrole et autres gaz), provoquant un retard irrécupérable dans la gestion des changements climatiques.
  • L’environnement sera dégradé partout : dégradation majeure de l’air, des mers, de l’eau potable, des forêts, des terres agricoles, de l’atmosphère; effets délétères majeurs sur la santé publique et sur les espèces vivantes (animales et végétales).
  • La recherche scientifique servira les intérêts de corporations transnationales, au détriment des populations, ce qui se traduira par un énorme déséquilibre quant à l’accès aux soins de santé.
  • L’agriculture traditionnelle aura disparu, sauf dans quelques petites régions isolées. La grande majorité des aliments disponibles proviendront de l’agriculture industrielle (élevage, pisciculture, grandes cultures) et de la production manufacturière (de type soleil vert).
  • Il y aura trop de tout dans quelques petites régions du monde hyper sécurisées.
  • Il manquera de tout dans la plupart des régions du monde, où la force fera loi.
  • De vastes déplacements de populations seront occasionnés par le manque de ressources.
  • Les guerres se multiplieront pour le contrôle de territoires où subsisteront des réserves d’eau potable, de terres arables et d’autres matières premières.
  • En l’absence de concensus pour réduire de manière concertée et cohérente la population, les nations les plus puissantes organiseront d’énormes purges et génocides, afin de contrôler la population dans les territoires sous leur juridiction.
  • Il y aura plus de morts par la guerre au XXIIe siècle qu’au XXIe, qui en aura fait plus que le XXe, etc. (cette croissance est une triste constance du progrès humain).
  • Quelques régions/pays/sociétés auront peut-être réussis à surnager, et à établir des régimes axés sur l’équité et la redistribution de la richesse, mais d’où viendra leur richesse : d’une forme originale d’autarcie ? Ou de l’exploitation de matières premières au détriment des autres ? Et comment réussiront-ils à sauvegarder leur utopie, sinon par des frontières infranchissables ?

Je m’arrête ici. Et j’espère sincèrement avoir tort. Mais, honnêtement, je ne vois nulle part les signes que l’humanité peut mieux.

En route vers Rio+20. Quelle route ?

Dans Le Devoir, le 1er février, Louis-Gilles Francœur rend compte d’un rapport publié par l’ONU sur la santé de la planète (Resilient People, Resilient Planet: A Future Worth Choosing, disponible via le site de l’ONU). Ce rapport a été élaboré par un groupe d’experts et de politiciens de haut niveau en prévision du sommet de Rio+20, en juin prochain. Le Sommet de Rio, qui a imposé le concept de développement durable, a eu lieu en 1992.

Le constat de ce panel, mis en place en 2010, est consternant. Pour la Xième fois, un groupe de spécialistes et de politiques de haut niveau sonne l’alarme sur :

  • la surexploitation des stocks de poisson;
  • le déclin des forêts;
  • les dommages causé par l’élevage industriel du bétail (notamment aux réserves d’eau);
  • la nécessité de réduire la surproduction et la surconsommation, qui découlent du mode de production capitaliste;
  • l’iniquité dans la distribution de la richesse;
  • l’urgence d’agir maintenant pour implanter une stratégie mondiale de développement durable.

Encore une fois, pour contrer la dégradation généralisée de notre milieu de vie, on fait appel à la volonté politique. Encore une fois…

À la lecture des 56 recommandations, et à la lumière du peu d’intérêt manifesté par nos gouvernements, d’abord Harper et sa clique de dinosaures énergivores qui règnent à Ottawa, la route vers Rio+20 n’est pas prêt d’être construite… L’humanité va commencer par tout raser, comme c’est son habitude, avant de condescendre à reconnaître le cul-de-sac dans lequel elle s’est engagé. Alors, magnanimes, les puissants construiront une route asphaltée sur une terre dévastée. En vue de Rio+ 30-40-50 ? Et cette route mènera où ?

L’Anneau du Nibelung au Metropolitan Opera

Avec quelques collègues, à titre de directeur de production des opéras réalisés par Ex Machina, j’ai appris en juin 2005, de Robert Lepage, que nous allions produire le nouveau Ring (diminutif du titre allemand : Der Ring des Nibelungen) du MET. Six ans et demi plus tard, vendredi 27 janvier 2012, était présentée à New York la première du Crépuscule des dieux, quatrième et dernier volet de cette ambitieux drame musical de Richard Wagner.

Alors que se termine la phase de création, quelques réflexions s’imposent.

L’opéra oblige qu’un groupe important de personnes, ayant des fonctions différentes : musiciens et chanteurs, acrobates et comédiens, chef d’orchestre, metteur en scène, concepteurs de diverses disciplines (décor, costumes, lumière, vidéo), techniciens, costumiers, ingénieurs, accessoiristes, etc. œuvrent vers l’atteinte d’un but commun : livrer l’œuvre dans les meilleures conditions possibles. À elle seule, une représentation du Crépuscule au MET mobilise au moins 400 personnes (fosse, plateau et loges). Et pendant la phase de développement du Ring (2006-2011), plus d’une centaine de professionnels ont consacré une large part de leur temps à ce projet. Des gens d’horizons TRÈS différents, je vous le jure… Je vois là un exemple éloquent de la capacité des humains d’avancer ensemble vers un objectif noble. Nous y sommes arrivés en déployant une énergie remarquable canalisée dans la même direction. Les économistes parleraient de productivité; je préfère les termes d’implication et d’engagement.

La réalisation de ce nouveau Ring a obligé Ex Machina et le MET à travailler de concert. Cela peut sembler simple, mais ne l’était pas au départ. Hormis le fait qu’il s’agit de deux organisations sans but lucratif vouées à la création de spectacles pour la scène, tant de choses nous différenciaient : envergure des deux sociétés, ressources humaines, culture d’entreprise, méthode de travail et de gestion, ville et pays d’élection, niveau de syndicalisation, et encore. Au départ, plusieurs personnes du MET ne comprenaient pas que le nouveau Ring soit confié à des Québécois. Surtout que nous avons exigé, comme toujours chez Ex Machina, un grand contrôle sur le processus de création et de production. Il aura fallu nombre de réunions, des sessions de travail houleuses, de dures négociations, pour finalement trouver, je dirais, un bon rythme de croisière.

À la barre, le fait que Robert Lepage et Peter Gelb, directeur du MET, partagent le goût d’une telle aventure, soient prêts à prendre le risque, a servi de motivation pour les deux équipes. Les collaborateurs de Lepage au sein d’Ex Machina savent que le metteur en scène est exigeant, déterminé, qu’il aime pousser le plus loin possible ses projets, qu’il cherche à défricher de nouveaux territoires. Peter Gelb est du même moule. Avec ces deux leaders, la seule option était d’y aller à fond.

Les relations humaines comptent évidemment pour beaucoup, pour réussir de tels projets. J’éprouve aujourd’hui un réel plaisir à croiser des dizaines de personnes, dans les corridors du MET, où je séjourne très régulièrement depuis 2008, qui me saluent par mon nom. Sans ce respect mutuel, sans la sincérité de cette relation, le résultat n’aurait pas été le même.

Vendredi, à la fin de la première, quand le rideau est tombé sur une représentation presque parfaite; quand la clameur s’est élevée dans la salle; quand j’ai revu une dernière fois, sur le plateau, les visages souriants de tant de collègues, j’ai été ému. Les quelques huées, provenant de nostalgiques de l’opéra conventionnel ou de wagnériens ayant détesté notre travail (l’unanimité n’existe pas dans cet univers), n’ont pas diminué ma satisfaction du devoir accompli.

Dans mon palmarès, L’Anneau du Nibelung figure parmi les œuvres les plus importantes jamais écrites pour la scène en Occident. Travailler sur cette production, dans un tel contexte, aura été un privilège. Depuis 2006, avec mes collègues, nous avons travaillé fort. Très fort… Cela a été dur. Par moment, je doutais même que nous y arriverions. Le Ring traite de ce qu’il y a de mieux et de pire dans l’humanité. Une métaphore puissante des croyances et des sentiments qui animent la société et les êtres qui la composent. Pendant cinq ans, j’ai vécu presque quotidiennement à proximité de cette œuvre majeure. Un rêve devenu réalité…

Nous sommes de l’étoffe dont sont faits nos rêves…, dit Prospero dans La Tempête.

Harperisme 1

Un sujet régulier de ma vindicte, sur ce blogue, sera le premier ministre du Canada, Stephen Harper, ainsi que son gouvernement. Le sujet est facile, direz-vous, néanmoins nécessaire. Pour paraphraser Henri Bourassa, lors de la fondation du Devoir : il faut dénoncer les coquins.

Voici donc le premier de mes Harperismes, tristes démonstrations de l’idéologie destructrice de l’actuel gouvernement du Canada.

Harper et cie ont renié Kyoto il y a déjà plusieurs semaines. Toutefois, l’impact de ce geste ne se mesure pas en semaines. La stratégie de développement des hydrocarbures, le débat sur les oléoducs de l’ouest, le recours déposé en cour fédérale par MM Turp et Grey, nous le rappelle avec insistance. Les changements climatiques sont en permanence de l’actualité.

Le gouvernement Harper est fier de renier la signature du Canada au bas du traité de Kyoto. L’écononomie faisant foi de tout, surtout en ce qui concerne l’avenir du pays et de la planète, nos chers élus nient l’effort global et commun contre les changements climatiques. Le but de ce gouvernement est transparent : protéger l’exploitation du pétrole canadien, surtout albertain. Deux raisons principales sont invoquées dans leur discours public sur les changements climatiques :

  1. Le Canada exige une implication plus grande des pays en développement dans la réduction des gaz à effets de serre (le fardeau sur les pays du G8 serait trop grand).
  2. La nécessité pragmatique de s’aligner sur la politique états-unienne.

Or, ces motifs sont cousus de fil blanc : l’objectif du gouvernement est économique, à courte vue, sans ambition ni volonté de participer à quelqu’effort global. L’exploitation du pétrole est nécessaire; cette industrie crée de la richesse, qu’elle soit distribuée ou non importe peu; il n’y a aucune raison de lui tourner le dos. De plus, quand cela fait leur affaire, ils adhèrent à la théorie fumiste voulant que les changements climatiques ne soient pas de nature anthropique : l’histoire de la terre montre des perturbations climatiques constantes, celle que nous connaissons aujourd’hui n’est pas plus inquiétante que les autres, malgré la montagne de preuves scientifiques a contrario. Et sur cette base, ce cher gouvernement estime que la nature n’a qu’à se débrouiller seule pour corriger la situation. Elle le fera bien… Mieux encore : Dieu veille au grain.

Pas question d’abandonner, ne serait-ce que d’un baril, la bonne vieille filière pétrolière. Leur obsession visant à faire pousser des oléoducs de l’Alberta vers les États, puis vers le Pacifique, en témoigne de manière grandiloquente. Tout comme les campagnes des multinationales et de leurs valets associatifs sur la dimension éthique du pétrole canadien.

Déprimant…

Comment faire pour que Harper, son gouvernement et leurs alliés se prennent au piège de leur propre jeu ?

Une voix de plus sur la blogosphère…

Ceci n’est pas un manifeste. Plus tard, peut-être…
C’est toutefois le début d’un blogue.

Il y a une multitude de raisons pourquoi l’on peut se sentir indigné.
C’est sûrement le cas pour moi.
Indigné, trahi, frustré, scandalisé, surpris, apeuré, dérouté, abasourdi, déçu… par le monde qui nous entoure. Et je veux dire, par ce monde, toutes les dimensions qui, je dirais, rencontrent ma conscience : ma famille, mon travail, l’île d’Orléans (où j’habite), Québec, le Québec, le Canada et l’Amérique du nord, avec bien sûr les autres continents, la terre, et pourquoi pas le système solaire, notre univers et les univers parallèles, qui existent peut-être… Sans oublier l’infiniment petit, le virtuel, le souvenir. Ou les perceptions, les préjugés, rejetons post modernes des archétypes. Ou encore les rêves et les mythes. Pas de Dieu…

Dans notre sphère de vie collective – il sera peu question ici de ma vie privé – il y a une quantité hallucinante de situations, d’événements de nature sociale, politique, économique, environnementale, artistique, culturelle, ethnique, etc., qui sont malheureux, tristes, désespérants, voire sanguinaires et tragiques. Ils le sont souvent par bêtise, d’autres fois par ignorance ou, encore, par impulsivité. Ils sont déterminés essentiellement, j’en suis convaincu, par l’appât du gain ou du pouvoir (toujours), bien qu’ils se manifestent sous le couvert de l’idéologie, du gouvernement, de la nécessité économique, du simple banditisme, de l’église ou de la religion. Toutes ces situations et événements, si nombreux, ressemblent pour moi à autant de faux pas de l’humanité.

À cette adresse, voici mon tour de prendre la parole, pour témoigner de ce qui, moi, m’indigne, avec probablement quelques autres, qui deviendront, j’espère, lecteur, à qui je dis bonjour et souhaite la bienvenue sur ce site.

Depuis quelques années, j’ai envie de m’impliquer plus sur la place publique. Je l’ai fait à une certaine époque, années 80, quand j’étais journaliste, surtout à la radio. J’ai continué dans les années 90, en lien avec mon travail d’alors de gestionnaire culturel. Encore à la radio… Depuis le second millénaire, sauf pour une brève période en 2005-06, j’ai l’impression d’avoir quitté l’écran radar. Je reviens donc…

Hormis que je trouve que je devrais être plus impliqué dans le débat public, ou dans la chose publique, je trouve aussi que je dois écrire plus. J’ai publié un roman en 2010 : Quand la mort s’invite à la première, Québec Amérique, et un essai en 2011 : Le Rossignol, Renard et autres fables, (Alto/Ex Machina) et j’entend bien poursuivre d’ici peu. Mais il y a maintenant le web, la toile, ce gigantesque écritoire public. Je peux l’utiliser pour me diffuser aussi bien que dans mes romans et essais… Et je vais m’y tenter dans un registre autre : la chronique.

Chronique non pas d’humeur, mais, dirons-nous, de morale contemporaine. Avec fort soupçon de politique, bien entendu. De l’écriture engagée…

Disons que ce blogue est ma réaction au mouvement des INDIGNÉS. Il marque mon adhésion au mouvement, bien que je ne camperai pas sur les places publiques. J’étais sur Times Square à New York le 15 octobre. Je partage plusieurs idées et opinions parmi ce qui a été dit et écrit depuis l’Espage, Israël et le mouvement Occupons à l’automne 2011.

Je veux écrire sur divers sujets de nature sociale et politique. Je vais toujours prendre position, généralement à gauche, des fois au centre, à l’occasion ailleurs.
Objectif : tracer les contours d’une philosophie du bien collectif.

Mes résolutions pour 2012
Environnementale : consommer moins de tout
Culturelle : publier blogue, roman, essai, etc…
Économique : militer pour remettre l’économie à sa place
Politique : essayer d’y comprendre quelque chose tout en appuyant la souveraineté du Québec